26 juillet 2007

Pacifisme et indifférence, exigence et extrémisme

Chaque jour j'ai dans la tête un combat entre deux visions de mes actions futures.

L'une m'implore d'être sceptique envers mes conclusions trop rapides et sème le doute en admettant la possibilité que tout soit fait de telle sorte qu'en essayant d'améliorer une chose, il faudrait en sacrifier une autre. La conclusion de cette perspective : tout choix visant une amélioration serait esthétique en vertu du relativisme (car il n'y aurait de gain qu'en vue de certains critères sans fondements), ou dépenderait sur des ressources qui, si elles existaient ou pouvaient exister, régleraient les problèmes de maints systèmes (par exemple : une population éveillée qui viserait l'amélioration du monde ferait fonctionner une bonne part des systèmes, mais n'existe que dans l'esprit de celui qui la conçoit). Cette première vision assume aussi que l'état actuel des choses n'est pas sans raison, et me somme d'accepter le monde tout en essayant de le comprendre. D'autres intellectuels étant passés avant moi, il y aurait de quoi croire que ce n'est qu'une question de manque de perspective si j'en viens à vouloir tout changer.

Penser le monde ainsi rend toute action politique peu valable, et à cette idée une vague de dégoût nihiliste me frappe en me criant d'investir mes énergies là où je peux espérer semer un peu de sens. Je ferais alors de ma vie un esthétisme partagé entre un hédonisme doux et un intellectualisme distant. Je chercherais une demoiselle belle dans son coeur, profonde et d'agréable compagnie avec qui échanger et fonder une famille unique. J'enseignerais l'art de penser par soi-même à des jeunes tout en élevant des enfants au regard éveillé. Je décorerais mon monde de beauté, dorloté par les parures valables dont je l'aurais sincèrement orné, et que je saurais vraies car je les auraient faites ainsi.

C'est, honnêtement une belle vision. Et à la fois, j'ai peur qu'elle soit une fuite du réel par le réel, comme je craint voir à grande échelle dans la société. Drogué par ma vie heureuse, je limiterais la portée de mes actions à ce que je pourrais changer. Je tenterais d'être raisonnable et sage, mais j'aurais abandonné.

La vision adverse, laide par maints côtés, refuse de rester seulement le témoin d'un bateau qui coule. Même s'il est prématuré de croire que toute eau envahissant la cale est signe que le navire est en train de sombrer, demeurer à l'aise dans la cale s'il coule vraiment serait, pour moi, impardonnable. C'est, sans contre dit, une question de foi qui seule peut motiver quelqu'un à faire l'ascention vers la froide surface, et hors de la tiédeur confortable de la cale. Foi qui ne peut pas m'empêcher d'y voir un danger, car qui dit croyance zélée dit dogmatisme, hors je crains autant le dogmatisme menant à l'extrémisme violent que l'indifférence et le relativisme menant à la complaisance. Hors il n'y a que des degrés qui séparent ces extrèmes - pas de solution magique - comment s'orienter ?

On parle de conviction, de confiance en soi, d'assurance. Il m'en faudrait davantage pour continuer à avancer. Il faudrait que je sois sûr de la véracité de mon propos, et de son évolution, en tant que ce dernier désire toujours l'action comme finalité, et non seulement le constat.

Que nécessiterais cette vision dite « adverse » ? Un intellectualisme dangereux se rapprochant davantage du donquichottisme que de « l'armchair philosopher » (expresion illustre, littéralement philosophe en chaise berçante). Une vie faite de conflit et d'épreuves demandant force et percévérance, à la fois sacrifiée pour une cause possiblement futile que vidée de sa simplicité. Mais le projet, qui n'est pas de part sa nature « original », ne peut empêcher de me séduire en tant qu'il est un défi qui pousse au meilleur de soi dans une perspective mi-altruiste, mi-fière. J'y songe.

Serait-il possible de cultiver les deux rêves ? L'homme simple visant l'épanouissement et la sagesse en face du visionnaire engagé dans la réforme nécessaire d'un monde vut comme se dirigeant vers l'abîme.

Question à laisser sans réponse, pour l'instant.

Autres questions sous-jascentes et sous-entendues dans le texte plus haut que je désire soulever : je voudrais être plus exigent envers moi et envers la société, qu'elle veuille mieux et qu'elle le lève contre le mourroir qui l'attend et l'indifférence qui l'aveugle, mais est-ce une chose possible à faire sans devenir moi-même violent et sans que la société sacrifie son pacifisme sur l'autel de l'idéologie ? Est-ce que nous sommes condamnés à demeurer sans vision parce que plusieurs derrières nous ont échoué et causé du tort ? Est-ce que le pacifisme se nourrit d'indifférence et d'apathie ? Es-ce que la tollérance est un relativisme qui conduit à la médiocratie, à la complaisance, à l'immobilisme, à l'individualisme granulaire ?

Sagesse et subversivité.
Savoir et action.
Paix et lutte.
Tollérance et exigence.
Modération et passion.
Pragmatisme et radicalisme.
Bonheur et réalisation.
Doute et foi.


25 juillet 2007

Entre fer et aimant

À me lire en ces temps récents, il serait pertinent de croire que j'entretiens avec l'humain une relation de méfiance tirant sur le mépris. J'abdique à cette constatation, mais j'aimerais, avant de céder sans résistance à ce propos, nuancer une défense et mettre en relief une contrepartie moins déloyale que celle que mes proses pourraient suggérer.

Sur l'image récurrente de l'humain veule et lobotomisé enfermé dans son mourroir quotidien à grands coups de seringues et de sédatifs régulateurs, d'abord une analogie, puis des éclaircissements.

L'humain est l'argile des sociétés, et comme le médium, peut se montrer souple ou solide selon les circonstances. Comme celui qui sait traiter avec l'argile peut dompter la matière pour en obtenir une forme, celui qui sait modeler l'homme et le pétrir agilement obtiendra de ce dernier un résultat qui, quoique moins aisé à prévoir qu'en ce qui concerne le matériau, pourra tout de même être plus ou moins déterminé.

Sans m'attaquer à « l'humain » directement, je m'attaque à sa vulnérabilité à être si facilement modelé. Certes, l'ouverture à autrui est l'une des conséquences positives de cette particularité, car elle permet à l'humain de s'adapter er de mieux survivre; elle lui permet aussi d'apprendre. Néanmoins, exploiter l'humain à travers cette faille peut le réduire à un instrument dont la servilité utilitaire dessert des intérêts peu louables. Malheureusement, rien ne permet d'aisément distinguer les deux, sinon l'oeil de celui qui regarde. Hors ce que je vais dénoncer ne touchera pas à ce dont l'esprit humain est modelé, car sur cela j'aurais bien davantage à dire et avec moins de précautions, mais bien sur la manière dont sont modelés « les humains » en général.

Je quitte ici l'argile pour une autre analogie mieux à même d'illustrer ce pluriel. Imaginons chaque homme et chaque femme comme une petite aiguille faite de différents alliages de fer (telle que de la limaille, par exemple). Prise seule, chaque aiguille peut s'orienter dans une direction quelconque, que je ne jugerai pas ici. Prises ensemble, toutes les aiguilles auront, grosso modo, chacune une orientation à elles, bien que celles-ci puissent ce ressembler quelques peu. Encore un fois l'orientation de chaque aiguille est laissée au jugement de l'observateur, intéressons nous plutôt à la vue d'ensemble qui, pour l'instant, semble plutôt diversifiée, sinon chaotique. Qu'arriverait il si, par indavertance ou volontairement l'on approchait un aimant des aiguilles en fer ? Les aiguilles ayant les alliages les plus susceptibles au magnétisme l'aligneront d'une manière toute particulière autour de l'aimant.



Cette orientation des aiguilles envers certaines directions, c'est l'admirable impression que je retire d'un observation toute récente du comportement de la population. De la même manière que chaque aiguille possède initialiement une direction, la présence d'un aimant vient changer cette dernière pour lui en imposer une autre de force. L'aiguille s'adapte, change sa mire, et pointe ailleurs, là où il lui est indiqué de le faire. L'aurait-elle fait sans l'aimant, c'est possible étant donné le nombre d'aiguilles dans l'amas, mais improbable considérant l'infinité des directions possibles. L'aiguille, à ce titre, vient de réagir de manière prévisible à un pouvoir qui fut exercé sur elle, dans ce cas-ci l'aimant, tout comme plus haut l'argile le fut par la main habile qui fut appliquée sur elle.

Qui tient l'aimant au dessus de la société ? Personne n'est au dessus, il n'y a donc que l'humain.

L'aimant serait plutôt la culture qu'une personne. Tout comme elle est transportée par l'humain pour le meilleur et pour le pire, certains humains peuvent exercer sur la culture une plus grande influence que d'autres. Ainsi, bien que les aiguilles aient tendance à s'orienter en groupes à la base, certains se spécialisent dans l'orientation des groupes de manière à tirer un certain profit une fois leur attention acquise. Les média ? Chaque entreprise désirant vendre ? Chaque parti voulant se faire élire ? Oui, c'est un peu cela et davantage, et c'est une part de ce que j'attaque en ces temps troubles. Ce ne sont pas directement les individus, ni leur ouverture, c'est l'orientation grégaire et bonasse que prennent les masses, permettant ainsi que nos sociétés aillent à leur ruine dans une apathie dirigée et des plus complètes; tout cela, afin que certains puissent garder le pouvoir et l'argent et se le diviser à leur guise, au mépris d'un bien-être général pourtant accessible.

Le meilleur de ce que j'avais à dire étant dit pour l'instant, je reviendrai là dessus sur un forme ou une autre dans le futur. Des pistes ? Si le magnétisme est à l'aimant, est-ce que le Beau en est son pendant pour l'humain ? Quel principe oriente les populations ?


22 juillet 2007

L'instant triste

Dans l'horizon de ma mémoire se logent des souvenirs empaquetés
Un mur indistinct marque le fond de cet endroit
J'ai souvent l'impression de bien connaître ces souvenirs,
De pouvoir ramener à mon esprit les grands traits de mon histoire
Mais par moments
Succints
Je distingue des boites empilées que depuis longtemps j'ai laissé fermées
Et j'y découvre des bribes face contre terre, que j'ai mis de côté lors de la composition de moins en moins fidèle de mes résumés
Je sursaute le coeur battant, les yeux fermés maintenant ouverts, à l'idée que par négligence j'aies pu ré-écrire une toute autre histoire en disposant un échantillonage réduit de faits en une nouvelle trame, et que par cette inadvertance j'aies effacé l'ordre véridique des événements pour le remplacer par un composite de créations mensongères

Qui suis-je donc ?

J'ai dans la tête des images plus ou moins positives de l'être humain que je suis, et dont je me suis construit l'image
Ces images n'ont de valeur que si j'ai confiance en elles
Hors j'ai raturé les vrais événements
Les images ne disent plus rien de valable, il faudrait croire
Et pourtant, malgré la fluidité par lequel j'en viens à douter d'elles intellectuellement, je ne puis me défaire d'elles
Je m'en sert pour me donner une définition
Je me justifie d'agir de telle manière grâce à elles
J'agis identique à elles
Mais au delà de ce qui humainement et matériellement m'entourre, si je n'aime pas certaines de ces images, je devrais pouvoir m'en défaire lorsque que vient le moment où j'agis
Je briserais la chaîne des événements et commencerais ailleurs

Or, les occasions me sont données, mais quelque chose de plus vaste que mes souvenirs me retient de lacer trop loin le textile informe de mon identité : mes émotions
Sans elles je n'aime rien, je ne déteste rien, je n'ai ni aise ni mal aise, je suis indifférent, apathique, blasé
Sans émotions je me décompose en un vide inconnu
Et cet inconnu m'effraie soudain, et l'émotion me rattrape sous forme d'une peur mêlée de dégoût

Il y a une vaste plaine par lequel j'erre
Je me dirige à la course en un point lointain, puis je change de direction, et je recommence en maints instants
Je doute de la voie à prendre, comme si à la fois il n'y en n'avait qu'une et qu'en même temps il n'y en avait aucune
Même ces lignes sont succeptibles à ce changement de direction
J'ai l'impression d'être un vent balayant un tas de débris
Je ne suis jamais ce que je voudrais être
En certains moments j'éprouve un vif sentiment de vérité, de sens, de direction
Je suis, en ces instants, rempli d'une légèreté indescriptible
Et peu après je regarde derrière et c'est passé
Je doute alors que cette légèreté ait eu une valeur, un sens
Dans ma vaste plaine ces moments ou un vent tiède me frôle me rappellent comment l'air froid tombe lourdement


15 juillet 2007

Brumes sur l'horizon

Le monde avance avec grande lenteur.

Il est minuit trente et un. Demain sera comme aujourd'hui, mais plus un.

Et voilà que le progrès cours... et on ne le voit plus; où est-il passé ?

Je regarde devant. Le mourroir des masses indistinctes forme une ligne d'horizon qui rejoint un ciel au bas plafond.

Tout est empilé et gris. C'est morne.

Là haut tout est sec, l'air stagne.

Rien n'a même le mérite de puer, car seul la senteur chimique du neuf semblait plaire aux anesthésiés désinfectés préemballés du linceuil. Leurs longs préambules s'évanouissent dans un coucher de soleil sans fin.

J'ai cru entendre une mélodie; c'était une ambulance. À en croire la brusque coupure, elle a dû faire un accident.

Les dernières voitures à encore rouler le font dans des ornières en marge des grands boulevards. Trop de gens sont mort dans la rue, il a fallu improviser.

Il ne reste que des tours à bureaux innondées de sédatifs, pleines à en crever d'organismes vivants identifiables à des humains. Ils bavent tous dans des sièges roulants étiquetés avec des postes importants.

Il faudra repreindre les murs verts en gris.

Il ne restera plus de gris.

Ni de mur.

Vaccuum.

Le silence.

Et j'ai encore soif.


11 juillet 2007

Romains

À Rome fais comme les Romains
Et ne te pose pas la question
Si du jour au lendemain,
Que tu sois berger ou Centurion,
Tu aura tes jeux et ton pain.

À Rome on fait l'importation
De fins loisirs et de riches biens,
Mais jamais d'interrogations.
Car il faut laisser les gens sereins;

Alors,
À toi qui bosse,
Ne fais pas attention :

Rome ne s'est pas détruite en un jour.


05 juillet 2007

Sans importance

Il faut toujours revenir sur les choses sans importance.
Et puisque rien n'a d'importance a priori, oublier un détail par faute de n'y avoir pas trouvé de qualité méritant l'attention serait pour le moins regrettable.


Détour passager

J'ai rencontré ce poème au hasard d'un lien quittant cette page. Je l'ai ramené ici à votre intention. Cette faste gerbe de mots sur la plaine de mon visage plat aura fait germer un sourire heureux. Puissiez vous avoir du soleil près des dents !

Poésie
Un poème de Cécile Sauvage

Dans la pelouse endormie
Sous l'azur pâle et rêveur,
Les brises en accalmie
Bercent les bouleaux pleureurs.
En ce silence de rêve
Une voix d'oiseau
Seule et divine s'élève
Des bouleaux.

La suite...


Il n'y a aucune originalité

Je serai satirique, c'est classique.

N'essayez pas de faire du neuf. Vous ferez une variation sur un vieux thème. On vous dira « Beau pastiche ! », vous répondrez « Merci ! Je suis content de savoir que je ne suis pas le seul à n'y voir aucun intérêt ! ». Même les musées des horreurs sont rendus ordinaires, le laid a attrapé la même souche de grippe que le beau. Aujourd'hui les tabous brisés par le passé ont été refaits dans un matériau hybride de plastique et de titanium. Le tout a un nom compliqué. La somme combine l'indifférence blasée avec l'implicite « Chut ! » d'un censeur muet.

Les autoréférences n'impressionnent même plus leurs auteurs. Il faut surprendre, mais avec les déficits d'attention qui courent les rues, difficile à faire. Non, je ne ferai pas de jeu de mot entre déficit et endettement si c'est ce que vous croyez, vous voyez le genre. De toute manière je suis né avec une hypothèque plus longue que mon espérance de vie et les fesses assises sur la selle d'un cheval qui n'allait nulle part. J'y suis toujours, on m'a dit à la télé d'avoir peur du présent et de l'avenir parce que « nulle part » se raréfiait et qu'ils allaient en manquer. J'ai fait des réserves, ça pourrait toujours servir.

Je m'écarte. J'en étais à me répéter, comme plusieurs noms connus l'on déjà répété avant moi, que le sens était en voyage, entre l'aller simple et le sans retour. Des sauveteurs le cherchent toujours, et on a des fondations (à but non lucratif) à son nom. Sa famille a écrit des livres, ils voudraient pouvoir commencer leur deuil. Trop tard, ce dernier est probablement parti avec lui. Le sens n'a pas laissé de testament.

Vous avez toutes les raisons d'être déçus, mais vous n'avez probablement pas les moyens de vous le permettre. J'irai faire jouer un peu de prêt-à-entendre, ça nous calmera la volonté de penser.


Chaîne

Scie à chaîne
de télé spécialisée
tranchant
en petits
compartiments
comestibles
l'humanité
boudinnée
en position foetale
devant le petit
bébé
écran.


Les cerveaux gazouillent

Les cerveaux gazouillent des requiems en plomb.
Et les instructions expliquant comment s'en servir étaient vendues séparément.
Il y en avait à ma fenêtre qui avaient l'air tristes.
Les roches ne suffisaient pas à les appaiser, j'ai dû faire mine de les écouter.
Mes tympans imperméables grâce à de fidels bouchons,
J'ai vu leurs circonvolutions mimer du sens en vrac
Et puis s'en aller là où le soleil n'est pas qu'un mot valant 6 points au Scrabble.

J'ai reçu mes relevés de compte
Ils m'apprennent que j'ai contracté des dettes à force de louer des points d'interrogation.

Le huissier m'appelle; il va faire des saisies.
Je lui proposerai un buffet.
Au menu : mobilier usiné, accessoires décoratifs et gadgets.
À volonté.

Dommage que le démon ait fait faillite.
Si j'avais encore une âme j'aurais pu en tirer un bon prix.
Elles se font rares ces temps-ci avec l'athéisme et la grippe aviaire.

Les cerveaux sont maintenant sans-plomb et sans gras trans.
C'est la santé publique qui les a modifiés.
Vive les OGMs certifiés.

Si seulement le mal du siècle les avaient tous tués,
On aurait économisé
Pour les cadeaux de Noël et les RÉER.

Je voudrais deux poules brouillées avec mon McBonheur.
Oui, du bacon, mais pas trop de citrouille dessus
Ça serait mauvais pour ma ligne internet haute vitesse.
Elle qui est si engorgée.
Je voudrais pas faire un infarctus et devoir payer un supplément.
La santé coute cher.

Non, pas de questions aux pommes avec ça,
Je suis allergique aux deux.


Dépossession

Je ne vois plus de route.
Il n'y en a jamais eu.
Des gens marchent sur le trottoir.

Des chiens aveugles peinent à rebours pour se payer quelques grammes de néant rose.
Ils assistent à des enterrement télévisés de gens qu'ils n'ont jamais vu.
Et sur leurs rétines on peut lire :
Meilleur avant...

L'agriculteur élève à la chaîne du bétail qui sera transigé en bourse à Chicago.

Et tout le monde craint qu'un requin édenté qui ne mange pas les hommes ne viennent chanter la chanson qu'ils ne veulent pas entendre.
Mais ils sont déjà sourds. Il n'entendent plus le son mat de la neige. Ils ont des des oeillères en plastique aux oreilles. Et leurs mains ont de gros trous pour être sûr de ne pas rater une dette.

J'ai repeint ma chambre noire avec une nuance de blanc cassé.
J'y déposerai des photos que je n'irai plus voir.
Je ne les ai jamais prises.

Pourquoi les murs n'écoutent plus?
C'est peut-être parce qu'il n'y a plus rien à dire.

Aux nouvelles ils ont annoncé en primeur
Qu'il n'y aurait plus de nouvelle
Que des vieilles et des photocopies.

On a fini de cracher sur les tombes
L'incinération c'est moins encombrant
Et les cendres c'est biodégradable.

Un petit crédit tout nu dans la rue fuyait les braconniers.
Des scientifiques aux noms très longs ont dit que le crédit en liberté était en voie de disparition. De grands zoo appelés banques les ont tous capturés.

Il y avait un médecin que tout le monde attendait et qui n'est jamais venu.
Un impatient m'a dit que j'étais un malade.
C'est vrai, j'ai mal à la nef et aux lampions.
Combien pour des pansements...
Verts ?

Hier ils ont trouvé une mer sans poisson
Et des oiseaux disparus de deux mêtres de haut.

Et fondent les pôles de ma crème molle sans gras.
J'ai vu un bonhomme de neige qui enterrait la fée des glaces.
Il quêtait au feu rouge.

Mais il n'y a jamais eu de route.