22 juillet 2007

L'instant triste

Dans l'horizon de ma mémoire se logent des souvenirs empaquetés
Un mur indistinct marque le fond de cet endroit
J'ai souvent l'impression de bien connaître ces souvenirs,
De pouvoir ramener à mon esprit les grands traits de mon histoire
Mais par moments
Succints
Je distingue des boites empilées que depuis longtemps j'ai laissé fermées
Et j'y découvre des bribes face contre terre, que j'ai mis de côté lors de la composition de moins en moins fidèle de mes résumés
Je sursaute le coeur battant, les yeux fermés maintenant ouverts, à l'idée que par négligence j'aies pu ré-écrire une toute autre histoire en disposant un échantillonage réduit de faits en une nouvelle trame, et que par cette inadvertance j'aies effacé l'ordre véridique des événements pour le remplacer par un composite de créations mensongères

Qui suis-je donc ?

J'ai dans la tête des images plus ou moins positives de l'être humain que je suis, et dont je me suis construit l'image
Ces images n'ont de valeur que si j'ai confiance en elles
Hors j'ai raturé les vrais événements
Les images ne disent plus rien de valable, il faudrait croire
Et pourtant, malgré la fluidité par lequel j'en viens à douter d'elles intellectuellement, je ne puis me défaire d'elles
Je m'en sert pour me donner une définition
Je me justifie d'agir de telle manière grâce à elles
J'agis identique à elles
Mais au delà de ce qui humainement et matériellement m'entourre, si je n'aime pas certaines de ces images, je devrais pouvoir m'en défaire lorsque que vient le moment où j'agis
Je briserais la chaîne des événements et commencerais ailleurs

Or, les occasions me sont données, mais quelque chose de plus vaste que mes souvenirs me retient de lacer trop loin le textile informe de mon identité : mes émotions
Sans elles je n'aime rien, je ne déteste rien, je n'ai ni aise ni mal aise, je suis indifférent, apathique, blasé
Sans émotions je me décompose en un vide inconnu
Et cet inconnu m'effraie soudain, et l'émotion me rattrape sous forme d'une peur mêlée de dégoût

Il y a une vaste plaine par lequel j'erre
Je me dirige à la course en un point lointain, puis je change de direction, et je recommence en maints instants
Je doute de la voie à prendre, comme si à la fois il n'y en n'avait qu'une et qu'en même temps il n'y en avait aucune
Même ces lignes sont succeptibles à ce changement de direction
J'ai l'impression d'être un vent balayant un tas de débris
Je ne suis jamais ce que je voudrais être
En certains moments j'éprouve un vif sentiment de vérité, de sens, de direction
Je suis, en ces instants, rempli d'une légèreté indescriptible
Et peu après je regarde derrière et c'est passé
Je doute alors que cette légèreté ait eu une valeur, un sens
Dans ma vaste plaine ces moments ou un vent tiède me frôle me rappellent comment l'air froid tombe lourdement