05 juillet 2007

Dépossession

Je ne vois plus de route.
Il n'y en a jamais eu.
Des gens marchent sur le trottoir.

Des chiens aveugles peinent à rebours pour se payer quelques grammes de néant rose.
Ils assistent à des enterrement télévisés de gens qu'ils n'ont jamais vu.
Et sur leurs rétines on peut lire :
Meilleur avant...

L'agriculteur élève à la chaîne du bétail qui sera transigé en bourse à Chicago.

Et tout le monde craint qu'un requin édenté qui ne mange pas les hommes ne viennent chanter la chanson qu'ils ne veulent pas entendre.
Mais ils sont déjà sourds. Il n'entendent plus le son mat de la neige. Ils ont des des oeillères en plastique aux oreilles. Et leurs mains ont de gros trous pour être sûr de ne pas rater une dette.

J'ai repeint ma chambre noire avec une nuance de blanc cassé.
J'y déposerai des photos que je n'irai plus voir.
Je ne les ai jamais prises.

Pourquoi les murs n'écoutent plus?
C'est peut-être parce qu'il n'y a plus rien à dire.

Aux nouvelles ils ont annoncé en primeur
Qu'il n'y aurait plus de nouvelle
Que des vieilles et des photocopies.

On a fini de cracher sur les tombes
L'incinération c'est moins encombrant
Et les cendres c'est biodégradable.

Un petit crédit tout nu dans la rue fuyait les braconniers.
Des scientifiques aux noms très longs ont dit que le crédit en liberté était en voie de disparition. De grands zoo appelés banques les ont tous capturés.

Il y avait un médecin que tout le monde attendait et qui n'est jamais venu.
Un impatient m'a dit que j'étais un malade.
C'est vrai, j'ai mal à la nef et aux lampions.
Combien pour des pansements...
Verts ?

Hier ils ont trouvé une mer sans poisson
Et des oiseaux disparus de deux mêtres de haut.

Et fondent les pôles de ma crème molle sans gras.
J'ai vu un bonhomme de neige qui enterrait la fée des glaces.
Il quêtait au feu rouge.

Mais il n'y a jamais eu de route.