02 octobre 2006

Essai critique sur la philosophie

Voici un court texte que j'ai écrit dans le cadre de mon cours de Didactique de la Philosophie. C'est un essai sarcastique sur l'enseignement de la philosophie au Cégep et à l'Université.


« Comment enseigner ce qui n’a de réponse à aucune question, ce qui ne survit à travers le temps que dans sa transmission, et qui pourtant ne comporte aucune compétence propre à être enseignée?

Peut-on enseigner la philosophie? Et pourtant nous sommes étudiants et c’est ce qu’on fait avec nous.

Il y a des penseurs qui s’interrogent sur une question faisant référence au domaine dont ils étudient l’enseignement et ce, en se servant de celle-ci pour l’analyser. L’enseignement de la philosophie est une question, ma foi, tellement philosophique. Je ne suis sûrement pas seul à voir cette boucle des autoréférences. Quelque chose tourne très rond chez les philosophes, et je ne parle pas de leur ébriété!

Essentiellement un débat divise des gens sur une questions simple : Peut-on didactiser la philosophie? Certains diront que oui nous pouvons trouver des stratégies efficaces pour apprendre aux étudiants les rudiments de l’agir philosophique. D’autres amèneront des objections à cette vision en soulevant qu’un champ d’étude ou les questions n’ont pas de réponse ne peut pas être enseigné dans un cadre fixe ayant des visées stratégiques.

Je crois qu’il faut retourner à la source : soyons pragmatiques! Les étudiants sont des animaux qui ont des besoins. Parmi leurs besoins immédiats il ne figure nulle part l’obligation de se poser des questions sur la vie. Ceci dit, pour ne pas tomber dans la déprime, nous avons besoin de nous faire croire que nous avons des réponses à ces questions. Sans cela, l’acte de se nourrir perd tout son sens : pourquoi « Menoum menoum! » si ma vie n’a aucun sens? Que sont les philosophes dans ce schéma animal? Simplement des humains qui n’ont pas été étanchés par les réponses simples que l’expérience leur a donné. Ils ont cherché plus loin pour trouver mieux, mais n’ont rien trouvé de parfais. Un jours ils ont compris qu’ils ne trouveraient rien de parfais, alors certains sont devenus des scientifiques (ceux qui cherchent à comprendre le comment du « Menoum menoum! ») et d’autres des philosophes (ceux qui ont faim et se demandent quand même pourquoi « Menoum menoum! »). Ces derniers trouvaient de la beauté dans ce gaspillage de leurs vies, et ils se dirent que c’était mieux ainsi. Le pire c’est que je suis d’accord avec eux…

Comment peut-on faire comprendre à quelqu’un que c’est important de se poser des questions sur des fausses réponses qu’il a déjà, seulement ensuite pour lui faire apprendre qu’aucune réponse n’est bonne ou mauvaise? Si jamais l’enseignant disait dès le départ qu’en fait il n’a rien à apprendre à ses étudiants, et qu’il ne va que les bousculer dans leurs idées préconçues pour ensuite leur mentir en disant que leur opinion compte et puis finalement les évaluer dans un texte où ils ne feront que rapporter les opinions d’un autre, je me demande comment on leur ferait avaler l’idée que la philosophie vaut la peine d’être suivie?

Philosopher c’est penser. Certes, et penser, questionner, c’est très vraiment intello et même un peu pompeux sur les bords. Surtout quand on peut se targuer d’écrire des livres épais sur des questions évidentes.

Ceci dit, sans sarcasme cette fois, il n’y a pas vraiment de réponse non plus à ce débat. Car que serait la vie sans ces ironies merveilleuses qui nous font réaliser à quel point la pizza est bonne, même si elle est trop grasse? »