02 octobre 2006

Tout commence dans l'assiette...

Voici un autre petit texte du cours sur la Didactique de la Philosophie. Le ton est plus humoristique et explicatif que celui du texte précédent. Je vous invite à en faire lecture.


« Michel Tozzi a établi une théorie selon lequel il existerait trois outils utiles au philosopher. Ces trois outils sont la conceptualisation, la problématisation et l’argumentation.

Est-ce que la philosophie est entièrement subordonnée à ces trois outils où est-ce qu'elle s'étire au-delà? Car si l’on peut tirer le verbe philosopher du mot philosophie, l’on peut aussi tirer les verbes conceptualiser, problématiser et argumenter des trois outils énumérés plus haut. Maintenant que nous comparons verbes avec verbes, pouvons nous résumer ces trois concepts dans le concept du philosopher?

Imaginons un grand ensemble flou. Bon, oubliez l’ensemble, imaginez plutôt une grosse tache de sauce spaghetti de taille gargantuesque. En fait, il y a de la sauce à spaghetti partout, ou presque.

Ensuite imaginez qu’il est possible de classer des parties de la grande tache de sauce selon trois sous-groupes différents. Vous l’aurez deviné, ces trois sous-groupes sont les verbes d’en haut.

Est-ce que lorsque toutes les taches de sauce iront remplir les sous-groupes, d’immenses bols dénommés « conceptualiser », « problématiser » et « argumenter »? Je ne crois pas que les ingrédients de la sauce se limitent aux trois concepts. Il y a des épices en plus de la tomate, de la viande hachée et des carottes (pour les fins de l’exemple, ignorons le céleri et le poivron). Ces épices participent à la sauce, même si en fin de compte elles sont plutôt intangibles dans le mélange. Ces épices sont ce qui tient du philosopher mais qui n’est ni n’est pas compris dans les trois concepts.

Mon exemple peut sembler un peu flou. Je l’accepte. En y repensant, je le trouve inutilement compliqué. Mais vous comprenez le principe! Au final, la philo est plus que trois concepts, mais ces concepts sont essentiels à la recette.

Sans conceptualisation il est bien impossible de communiquer ses idées. Bon je suis d’accord avec ceux qui disent que la langue est une convenance, un accord entre individus (ce qui est très Wittgensteinien), mais c’est seulement en conceptualisant que l’on arrive à exprimer la nature de l’accord que l’on veut établir. Il est déjà assez difficile de communiquer, si en plus il faut s’enfarger dans les fleurs du tapis, on est mal parti! Pour éviter de rester pris dans le liminaire à débattre, il faut mettre les pieds au bon endroit et passer au salon sans fâcher les hôtes! Les préliminaires trop courts causent des irritants douloureux, et les concepts passent mal dans un contexte enserré dans l’incompréhension.

La problématisation c’est l’entrée en matière. C’est le moment de passer côté jardin. Une fois que l’on sait de quoi l’on parle, on peut vraiment jouir d’une communication sans obstacles… mais non! C’est les obstacles que l’on recherche! Pas que la solitude des concepts soit problématique en soi, mais il est préférable qu’ils soient mis au moins deux à deux pour que le contact soit bon. Cette étape n’est pas simple; voyez, la cohabitation n’est pas aisée! Comment les deux fonts-ils pour s’entendre? C’est un sujet passionnant, de quoi discuter de longues heures avec du pop corn. Et justement c’est l’étape suivante!
L’argumentation c’est quand deux concepts essaient de s’enlacer dans le confort. Avec beaucoup d’essais on peut arriver à un contact satisfaisant. Ce n’est peut-être que pour un temps, car des problèmes de circulation et la compétition entre concepts font que rien ne dure dans ces couples, mais dans l’intermède, si les deux collaborent, on arrive à cerner une réalité qui satisfait les deux partis.

Ainsi, les taches de sauce à spaghetti et les relations conceptuelles (avec préliminaires, contractualisation et mutualisme) réussissent à éclairer la lanterne de notre Diogène qui cherchait les W.C. Philosopher c’est toute une histoire de métaphores dans le noir, seul ou en groupe.

Apportez vos ustensiles. »