06 novembre 2006

Faut-il favoriser l'enseignement de techniques de lecture philosophiques au niveau collégial?

Lecture Philosophique : Pertinence et Méthode
Faut-il favoriser l'enseignement de techniques de lecture philosophiques au niveau collégial?

La philosophie est une discipline qui requiert une attitude particulière. Il ne suffit pas de connaître un savoir quelconque (ex : ce qu'a dit tel ou tel grand esprit), mais il faut aussi savoir développer un esprit propre à questionner et à se questionner. Certes ce n'est pas tout, la philosophie est en somme un cristal aux facettes quasiment infinies, mais pour le débat qui va suivre, c'est dans ce cadre d'analyse que nous allons être placés.

Comment développer cette attitude de questionnement? Et surtout : comment amener un jeune étudiant du Cégep à vouloir chercher sa propre réponse à des questions abstraites où les issues sont multiples? C'est tout un tour de force, comme un photographe essayant de suivre la trace d'un fugace animal du bout de son objectif. Comment faire en sorte que l'étudiant se trouvant sur le chemin du questionnement y reste suffisamment longtemps pour qu'il puisse en tirer quelque chose de durable, sinon de valable. Faudrait-il l'y amener?

C'est ici qu'intervient une technique d'enseignement majeure, celle de la lecture philosophique. Elle consiste à provoquer un contact entre l'étudiant et la philosophie à travers les écrits des penseurs qui ont apporté leurs talents au bagage de l'humanité. Cela se fait à l'aide de divers outils, visant principalement à déterminer la structure de textes de manière à synthétiser la substantifique moelle de ceux-ci. Plusieurs didacticiens, Michel Tozzi en tête, abordent l'aspect structurel du texte à travers le regard de trois « compétences philosophiques » majeures : la conceptualisation, la problématisation et l'argumentation. Armé d'une grille fondée sur de tels préceptes, il devient plus aisé de faire émerger le squelette d'un argumentaire. Pour justifier un pareil attirail, ses promoteurs mettent en lumière qu'un contact avec des textes philosophiques bien décortiqués va permettre de donner de bonnes bases à de saines réflexions philosophiques, même si l'analyse en tant que telle n'est pas à proprement dit une action philosophique.

Pour les détracteurs de cette idée, la lecture philosophique n'amène pas directement l'étudiant à se questionner, mais plutôt à parfaire des compétences propres à l'analyse de texte. L'éloignement entre le but visé (l'attitude critique, curieuse) et la compétence acquise au cours de l'exercice de lecture (touchant davantage rigueur et logique) joue le rôle d'une distraction frustrante pour l'étudiant. Il est, je pense, adéquat d'admettre que, pour la plupart des jeunes (qui ont eu à subir des cours de français autant que cela puisse se faire), l'activité de découpage des idées du texte pourrait se montrer comme un obstacle potentiellement décourageant, éloignant le sujet de la voie de la philosophie. De plus, il est bon de garder à l'esprit que chaque élève se détournant de la lecture philosophique n'est pas un esprit nécessairement hermétique à l'exercice de réflexion philosophique. À la lumière de cela, la lecture philosophique apparaît comme davantage une forme d'élitisme que comme une forme de vulgarisation, autrement dit, de démocratisation.

Difficile de répondre à ce genre d'objection de manière directe sans user d'évasion dialectique, sinon en étant malhonnête. Si l'on se place dans la perspective d'une éducation collégiale visant l'atteinte de compétences et d'attitudes permettant une participation dans les débats de la société, il est peu judicieux de concentrer ses efforts sur l'acquisition d'une connaissance profonde sur des questions philosophiques particulières. Ces questions, hors de leur propension à nourrir la culture générale, ne sont que des moyens, pas des fins en elles mêmes.

À mon sens, si le but final est l'assimilation par le plus grand nombre d'une quelconque compétence, il est peu justifiable d'utiliser la lecture philosophique, puisqu'elle est un moyen pédagogique détourné et presque discriminatoire envers trop d'étudiants. Ainsi, méthode et objectif sont en inadéquation.

Malgré tout, je pense qu'il serait approprié d'élaborer sur le bien-fondé de la lecture philosophique, ne serais-ce que pour justifier plus globalement sa place dans un groupe d'outils participant à l'enseignement de la philosophie, quitte à cesser d'en surestimer la portée pratique. Entres autres, les méthodes de lecture philosophique ont l'avantage de fournir des sens nouveaux pour des concepts connus, et sont même aptes à en dégager de nouveaux. Leur rôle dans la découverte de nouvelles pistes de questionnement n'est pas à nier non plus, car la recherche du sens d'un texte nous permet d'assimiler une foule de liens conceptuels, dont plusieurs sont susceptibles de mener à encore d'autres questionnements. Finalement, à travers l'union où la séparation de concepts, on met en contraste différents regards sur le monde, alimentant ainsi notre quête de sens, sinon de vérité. Dans ces frictions, nous sommes tôt ou tard amenés à mettre en doute nos visions et à envisager celles des autres avec un regard critique. Ce n'est pas qu'un geste sain en philosophie, c'est un geste sain en général.

L'apparente opposition entre la lecture philosophique et l'objectif intégrateur du programme collégial devrait nous amener à nous questionner sur la nature même de celle-ci. En termes plus clairs, est-ce que la lecture philosophique de textes est vraiment un obstacle si implacable à l'éveil critique des masses? Ne pourrait-on pas aménager une troisième voie, quitte à composer des textes déjà plus synthétiques, et où la gratification serait plus rapide en ce qu'elle ne nécessiterait pas autant de méthode? Est-il nécessaire de plonger dans des textes « originaux » (ceux écrits par leurs idéateurs) pour véritablement faire de la lecture philosophique au Cégep? Déjà certains diront, à raison, qu'il est presque toujours possible de tirer plus d'une interprétation d'un texte, tout spécialement quand l'auteur n'est plus en vie pour répliquer, rendant ainsi la transposition vers un résumé chose risquée. Mais n'ayant pas affaire à un public universitaire prêt à se verser dans des études approfondie, les synthèses prennent l'allures de vulgaires mais accessibles substituts. En guise de conclusion, je me demandes : existe-t-il d'autres manières, hors du discours oral, de donner une allure plus vivante à ce que nous appelons avec amour « le philosopher »? De grands esprits ont dit que les lettres sont mortes, peut-être faudrait-il y songer…


04 novembre 2006

Ces dames m'enchantent et j'ai beau me pincer, je ne rêve pas

Fabule
(Capitaine Révolte)

Elle hante encore mes pensées
Impossible de se concentrer
Comment faire pour arreter
De me laisser ensorceler
Par une telle hypnotisée
Maintenant elle est encrée
En plein milieu de ma mémoire,
Y a-t-il de l’espoir ?

Elle me hante quand j’y pense
Elle m’enchante quand elle danse
Elle déambule et je fabule
Je suis un funambule
Et chaque fois que je la vois
Tout s’effondre autour de moi
Mon cœur se bat pour tout lui dire
Mais j’imagine le pire

Alors je renonce, et je me dégonfle,
Elle n’a rien vu, inapercu.

Elle nage dans mes pensées
Une sirène dans l’eau glacée
J’ai manqué mon bateau alors qu’il m’attendait,
quel con je suis resté ici
Trop tard maintenant il flotte loin sur l’océan
d’un autre cœur déjà conquis