25 juillet 2007

Entre fer et aimant

À me lire en ces temps récents, il serait pertinent de croire que j'entretiens avec l'humain une relation de méfiance tirant sur le mépris. J'abdique à cette constatation, mais j'aimerais, avant de céder sans résistance à ce propos, nuancer une défense et mettre en relief une contrepartie moins déloyale que celle que mes proses pourraient suggérer.

Sur l'image récurrente de l'humain veule et lobotomisé enfermé dans son mourroir quotidien à grands coups de seringues et de sédatifs régulateurs, d'abord une analogie, puis des éclaircissements.

L'humain est l'argile des sociétés, et comme le médium, peut se montrer souple ou solide selon les circonstances. Comme celui qui sait traiter avec l'argile peut dompter la matière pour en obtenir une forme, celui qui sait modeler l'homme et le pétrir agilement obtiendra de ce dernier un résultat qui, quoique moins aisé à prévoir qu'en ce qui concerne le matériau, pourra tout de même être plus ou moins déterminé.

Sans m'attaquer à « l'humain » directement, je m'attaque à sa vulnérabilité à être si facilement modelé. Certes, l'ouverture à autrui est l'une des conséquences positives de cette particularité, car elle permet à l'humain de s'adapter er de mieux survivre; elle lui permet aussi d'apprendre. Néanmoins, exploiter l'humain à travers cette faille peut le réduire à un instrument dont la servilité utilitaire dessert des intérêts peu louables. Malheureusement, rien ne permet d'aisément distinguer les deux, sinon l'oeil de celui qui regarde. Hors ce que je vais dénoncer ne touchera pas à ce dont l'esprit humain est modelé, car sur cela j'aurais bien davantage à dire et avec moins de précautions, mais bien sur la manière dont sont modelés « les humains » en général.

Je quitte ici l'argile pour une autre analogie mieux à même d'illustrer ce pluriel. Imaginons chaque homme et chaque femme comme une petite aiguille faite de différents alliages de fer (telle que de la limaille, par exemple). Prise seule, chaque aiguille peut s'orienter dans une direction quelconque, que je ne jugerai pas ici. Prises ensemble, toutes les aiguilles auront, grosso modo, chacune une orientation à elles, bien que celles-ci puissent ce ressembler quelques peu. Encore un fois l'orientation de chaque aiguille est laissée au jugement de l'observateur, intéressons nous plutôt à la vue d'ensemble qui, pour l'instant, semble plutôt diversifiée, sinon chaotique. Qu'arriverait il si, par indavertance ou volontairement l'on approchait un aimant des aiguilles en fer ? Les aiguilles ayant les alliages les plus susceptibles au magnétisme l'aligneront d'une manière toute particulière autour de l'aimant.



Cette orientation des aiguilles envers certaines directions, c'est l'admirable impression que je retire d'un observation toute récente du comportement de la population. De la même manière que chaque aiguille possède initialiement une direction, la présence d'un aimant vient changer cette dernière pour lui en imposer une autre de force. L'aiguille s'adapte, change sa mire, et pointe ailleurs, là où il lui est indiqué de le faire. L'aurait-elle fait sans l'aimant, c'est possible étant donné le nombre d'aiguilles dans l'amas, mais improbable considérant l'infinité des directions possibles. L'aiguille, à ce titre, vient de réagir de manière prévisible à un pouvoir qui fut exercé sur elle, dans ce cas-ci l'aimant, tout comme plus haut l'argile le fut par la main habile qui fut appliquée sur elle.

Qui tient l'aimant au dessus de la société ? Personne n'est au dessus, il n'y a donc que l'humain.

L'aimant serait plutôt la culture qu'une personne. Tout comme elle est transportée par l'humain pour le meilleur et pour le pire, certains humains peuvent exercer sur la culture une plus grande influence que d'autres. Ainsi, bien que les aiguilles aient tendance à s'orienter en groupes à la base, certains se spécialisent dans l'orientation des groupes de manière à tirer un certain profit une fois leur attention acquise. Les média ? Chaque entreprise désirant vendre ? Chaque parti voulant se faire élire ? Oui, c'est un peu cela et davantage, et c'est une part de ce que j'attaque en ces temps troubles. Ce ne sont pas directement les individus, ni leur ouverture, c'est l'orientation grégaire et bonasse que prennent les masses, permettant ainsi que nos sociétés aillent à leur ruine dans une apathie dirigée et des plus complètes; tout cela, afin que certains puissent garder le pouvoir et l'argent et se le diviser à leur guise, au mépris d'un bien-être général pourtant accessible.

Le meilleur de ce que j'avais à dire étant dit pour l'instant, je reviendrai là dessus sur un forme ou une autre dans le futur. Des pistes ? Si le magnétisme est à l'aimant, est-ce que le Beau en est son pendant pour l'humain ? Quel principe oriente les populations ?