24 avril 2006

Militarisme et pacifisme : la question de la violence

Hier je terminais la lecture du célèbre roman de Robert A. Heinlein., « Étoiles, garde-à-vous! » (v.f. de Starship Troopers), un roman de science-fiction qui est reconnu comme, disons-le, haut en controverse. L'une des questions qui m'a le plus marqué concernait l'aspect plutôt militariste du livre (voir cet article au sujet du militarisme , mais lire de préférence la version anglaise, plus complète et mieux structurée; voir aussi antimilitarisme) :

Est-ce qu'il est possible d'éviter une guerre en toutes circonstances?

Ou encore celle-ci, plus fondamentale encore :

Est-il possible de ne jamais avoir à user de la violence?

Ce sont des questions sérieuses qu'il faut se poser, je crois. C'est d'ailleurs en faisant mes recherches que je me suis rappelé de la révolution pacifique en Inde, menée par le célèbre Gandhi (la version anglaise est plus complète, une fois de plus) :

« Oeil pour oeil rendra seulement le monde entier aveugle. »

Sa vision non-violente, qui est basée sur une profonde foi religieuse, est un exemple de pacifisme radical (pardonnez encore l'usage de sources anglaises!). Cette vision est très critiquée puisque le résultat de ce non-usage de la violence (y compris de la légitime défense) est susceptible de menacer ses adhérents. Certaines paroles très controversée du célèbre Hindou soulignent (sans le vouloir) certaines anicroches de l'idéal pacifiste :

« Les juifs devraient eux-mêmes s'être offert au couteau du boucher. Ils devraient s'être eux-mêmes lancés des falaises vers la mer. »

« J'aimerais vous voir déposer les armes comme si elles étaient inutiles pour vous sauver ou sauver l'humanité. Vous inviterez Hitler ou Mussolini à prendre ce qu'ils veulent de ces pays que vous appelez vos possessions... Si ces gentilshommes choisissent d'occuper vos maisons, vous les quitterez. Si ils ne vous donnent pas la liberté de partir, vous allez laisser hommes, femmes et enfants être massacrés, mais vous allez refuser de leur prêter allégeance. »

Si on laisse les tyrans agir, même sans leur obéir et en les opposant de manière non-violente, qu'est ce qui va les empêcher de tuer les rebelles? Il est vrai que la révolution Hindou a été un succès en permettant à l'Inde de se séparer du pays colonisateur, mais est-ce que ce genre de lutte est applicable universellement?

Si l'on exclu la vision radicale, seule l'autodéfense semble être une violence justifiable. Dans ce contexte, une armée devrait se limiter à fournir de la (légitime) défense. Sans cela, il serait possible qu'un génocide se produise à la suite d'une « résistance pacifique » inefficace. Autant noble (sous toutes réserves) fut la quête de paix de Gandhi, si elle est appliquée ailleurs et qu'elle ne réussit pas à émouvoir les hommes qui provoquent les « atrocités », alors rien ne les sauvera.

En conséquence, est-il possible qu'un état ne se prémunisse pas d'une armée? Et de cette question j'exclus d'avance les états de trop petite taille (Monaco, par exemple), ceux qui ne peuvent pas avoir d'armée (que se soit une conséquence des lois en vigueur ou d'autres facteurs), ou ceux qui n'en ont pas besoin (pour cause d'alliances avec des voisins plus puissants, comme dans le cas de l'Andorre). Les pays présents sur la liste des pays sans forces armées (version française de source différente) ont tous de petites populations en comparaison avec les grandes puissances mondiales (États-Unis, Chine, France, Russie, etc.). Il serait sensé, pour répondre de manière pragmatique à la question, de dire que oui, il est possible de ne pas avoir de forces armées, mais seulement dans certaines circonstances particulières. Ce n'est pas une réponse très satisfaisante tout compte fait, mais cette question mérite davantage de discussion que ce que j'ai pu exposer aujourd'hui, j'en suis conscient.

En guise de conclusion, et pour ce qui concerne le Québec, les militants du Bloc Québécois ont voté, en octobre dernier, en faveur de la création d'une armée québécoise si le Québec devient un pays souverain.