18 avril 2006

Doit-on faire confiance à la démocratie?

Si la démocratie garanti le droit de vote pour tous ses citoyens en âge de voter, et que les droits entraînent inévitablement des responsabilités, quelle est la responsabilité du citoyen ayant le droit de vote?

Qu'est-ce qu'un « droit de vote » sinon un droit de choisir? Allant de pair, ne serait-il pas sage d'y associer la responsabilité de choisir? Mais alors quelle est cette responsabilité? Certains diront que c'est l'obligation (morale, peut-être) de se présenter le jour des élections à un bureau de vote pour faire son « choix ». Mais est-ce sage qu'un citoyen sans connaissance de la question soit soumis au vote et « forcé » de faire un choix aveuglément? Je ne crois pas. À mon avis la responsabilité du votant n'a rien à voir avec l'acte (relativement) physique de se déplacer de chez-lui pour aller cocher une case derrière un muret de carton. L'action physique n'est simplement pas le choix! Mais alors, quel est le véritable choix?

Tout d'abord, un choix est le résultat d'une décision. Si il n'y a pas de « choix possibles », il n'y a pas de décision à prendre, c'est aussi simple que ça. Il est ici important de comprendre la subtilité : pour faire un choix, il faut prendre une décision entre diverses options (les « choix possibles »). Donc il est nécessaire de prendre une décision pour faire un choix, ce qui nous fait avancer vers une « responsabilité de décider », éliminant du même coup la question absurde de « l'obligation de voter absolument » (expliquée plus haut).

Vu ainsi la question de la responsabilité citoyenne se simplifie à : qu'est-ce que la responsabilité de décider?

Pour décider, il faut peser le pour et le contre de chaque option, et ne pas en laisser une seule de côté. Cela sous-entend une bonne connaissance du sujet, et l'esprit s'y prend avec des tas de manières pour en arriver avec un choix acceptable. Est-ce qu'un votant à une élection serait responsable de prendre une décision éclairée, une « bonne décision » ? Et c'est là où je statue qu'effectivement cela est nécessaire, car sinon pourquoi demander un vote? Une mauvaise décision est plus probable si l'on y va sans discernement. Il est clair que quand l'on demande le vote, on cherche à obtenir la meilleure décision possible. Comment faire alors pour prendre une décision éclairée en lumière de cette réalité? Il faut s'équiper d'outils intellectuels nous permettant de se forger une opinion, et cela sans négliger de penser et de faire tourner la question et les solutions proposées de tout bord tout côté pour en observer tous les aspects.

Et c'est là le problème de la démocratie : elle a été conçue à l'origine pour accommoder les décision politiques d'un groupe minuscule et bourgeois, les citoyens grecs de l'antiquité, une couche de la société grecque qui ne représentait même pas la majorité de la population. La démocratie était, à son commencement, fondamentalement élitiste! Pour qu'elle fonctionne dans le monde moderne, il faut que chacun puisse comprendre la question et ses solutions, mais c'est impossible que tous le puissent, et ça l'est davantage quand les questions laissent place aux valeurs et aux opinions plutôt qu'au rationnel. Il suffit qu'une personne ou un groupe soit suffisamment convaincant, et il pourra influencer les décisions des gens en jouant sur les émotions. C'est exactement ce qui arrive aujourd'hui, et personne ne s'insurge parce que chaque parti a droit à autant de discours propagandistes et publicitaires que les autres.

À la difficulté de choisir, le monde politique est pollué par l'entropie des manipulateurs de masses qui brouillent les jugements et enfument les esprits à grand renfort de poudre aux yeux et de soporifiques sensationnalistes.

Doit-on faire confiance à cette démocratie?


1 Commentaires:

Le mardi, 18 avril, 2006, Blogger Un barbu a dit...

Je tiens à dire que j'accepte l'entière responsabilité des paradoxes que sous-entendent cet article. ;)

 

Publier un commentaire

<< Origine