19 avril 2006

Un retour sur la démocratie

« La démocratie est un mécanisme qui assure que nous ne seront pas gouvernés mieux que nous le méritons. » - George Bernard Shaw

«
La démocratie encourage la majorité à décider des choses auquel la majorité est ignorante. » - John Simon

Hier j'ai critiqué la démocratie, mais je n'ai pas fait que cela, j'ai clairement sous-entendu que ce n'est pas tout le monde qui est capable d'avoir une part à jouer dans le gouvernement du peuple. C'est un pas qui mène dans une dangereuse direction, j'en suis conscient, et j'ai peut-être manqué d'humanisme en traitant le problème. Comment savoir qui aurait le droit de voter et qui décidera? C'est une question éthique très complexe en soi.

Je veux revenir sur un point que je n'ai pas touché hier. Dans une démocratie, on ne fait (ou devrait faire) voter les gens que sur des questions qui les touchent. Mais alors, si les questions les touchent, est-il juste de leur ôter ce pouvoir?

Dans la vaste majorité des cas, c'est lors des élections que se manifeste la démocratie. À ce moment on demande aux gens de se choisir des représentants, des délégués, qui vont prendre les décisions à leur place dans l'appareil gouvernemental. Il est légitime qu'un citoyen puisse choisir qui va le représenter, mais dans un autre sens le citoyen est mal outillé pour discerner qui sont les représentants honnêtes (ou « vrais ») de ceux qui sont des escrocs. Fréquemment, les gens manquent d'information sur les candidats et se basent sur des rumeurs ou des racontars, ou encore sur des publicités payées par les partis mêmes. Pire, certains fondent leur jugement sur de mauvais critères pour juger du candidat. Par exemple, l'apparence physique d'un débuté ne change en rien sa capacité à gouverner, et pourtant des gens sont influencés par ce critère qui n'a rien à voir avec les nécessités fondamentales de la fonction.

Certains diront que tous les éléments qui assurent que le candidat ait du charisme sont non seulement bénéfiques, mais servent durant sa fonction, et ces gens ont en partie raison, mais alors c'est toute la fonction qui serait à revoir! Un beau candidat confiant et sociable ne devrait pas être favorisé en face d'un candidat moins attrayant, mais ayant de meilleures idées! C'est absurde! Si c'est d'un agent en relation publiques que nous avons besoin, qu'on en fasse un poste, mais alors qu'on ne nous impose pas l'élection d'un représentant « cute » tandis que les réels penseurs (conseillers politiques, attachés, etc.) seraient nommés à des fonctions sans même être élus!

Je discutais de ce problème avec quelqu'un ce midi. Nous avions convenu qu'il serait probablement nécessaire de séparer le « bon relationniste » du « bon candidat », et aussi la « bonne pensée » du « bon penseur ». À ce stade, nous ne voterions plus pour des candidats directement, nous voterions pour des idées en premier, elles-mêmes abstraites de leurs « idéateurs ».

C'est là où se touchent deux aspects importants : d'un côté il faut que les idées soient suffisamment claires pour que les gens les comprennent et puisse prendre une décision éclairée, et d'un autre côté il est essentiel de fournir à ces gens les meilleurs outils possibles pour qu'il puissent se décider avec discernement. Une fois qu'on a abstrait les idées de leurs penseurs, qu'on a éliminé la majorité des biais possibles (favoritisme, ignorance, mauvais critères de jugement, etc.) et qu'on a suffisamment travaillé sur les idées pour qu'elles soient à la fois claires, compréhensibles et concises, on est en mesure de tenir une élection comme il se doit.

De un, il faut donner une éducation citoyenne de qualité préparant chaque individu à assumer la responsabilité de décider sur des questions de gouvernance. De deux, il faut réformer le système politique de manière à clairement séparer les idées des penseurs et les penseurs des relationnistes, tout cela dans le but de rendre la politique plus assimilable par la population votante.

Hier même je critiquais notre système politique en tentant de prouver que seuls ceux capables de prendre une décision éclairée devraient avoir le droit de voter, et aujourd'hui je me suis efforcé de trouver des méthodes pour amener les gens à plus facilement prendre ce genre de décision. Ultérieurement, il serait intéressant de réfléchir sur comment rendre la politique plus attirante pour les gens, de manière à les impliquer davantage. Mais c'est un tout autre sujet!

Le véritable but de la démocratie ne devrait pas être d'obtenir l'avis de tous, mais bien de faire entrer le plus de gens dans le cercle des sages, quitte à abandonner le terme de démocratie et de plus honnêtement parler d'une aristocratie populaire qui serait à l'échelle de ses citoyens.